Titre : Jusqu’à ce que la mort nous sépare
Auteur : Avril Sinner
Genre : Romance
Editions : Black Ink
Ebook :4.99 €
Résumé : La vie ne tient parfois qu’à un fil. Un acte. Une décision.
Le train de 8h00 entre en gare. Alex a un pas à effectuer. Un pas et tout s’arrête. C’est la fin.
Et si ce n’était que le début ?
Sauvée in extremis par un inconnu frappé d’amnésie, sans identité, le destin de la jeune femme prend une direction inattendue.
Elle est sans avenir. Il est sans passé.
Elle souffre trop. Il ne ressent rien.
Elle ne veut plus personne. Il n’a qu’elle.
Tout les oppose et pourtant… Un lien étrange, inéluctable, va naître entre eux.
Qui est-il ? Leur rencontre est-elle le fruit du hasard ?
Alex, bien que psychiatre, n’a aucune réponse. Cependant, elle va vite comprendre que croiser la route de cet homme mystérieux, aussi fascinant qu’effrayant, ne sera pas sans conséquences.
Elle a un choix à faire. Un seul. Mais a-t-elle encore le pouvoir de décider ?
On dit « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Et si la mort nous unissait ?
Mon avis :
Bouleversant, déroutant, éprouvant, dévastateur…
Jusqu’à ce que la mort nous sépare fait partie de ces romans qui percutent au point de ne pas pouvoir avoir assez de mots, ni même les bons mots, pour arriver à donner un avis à sa juste valeur. Comment parler de cette histoire atypique, comment partager toutes ces émotions que j’ai pu ressentir et qui m’ont emportée dans un tourbillon dévastateur entre l’espérance, les larmes et mes croyances ? Un roman déchirant et plein d’espoir à la fois que je relirai encore et encore…
Jusqu’à ce que la mort nous sépare, une expérience livresque unique, bouleversante et hors du commun. Une lecture qui vous transporte au-delà d’une certitude rendue fragile dans notre réflexion sur la mort, entraînant alors la réflexion sur la vie et tous ces liens qui nous unissent et qui se désunissent face à la fatalité du destin.
Un pas, un tout petit pas… Et tout peut finir. Et si finir était aussi recommencer ? Et si cette mort qui nous appelle était le début d’une autre vie… Le début d’un recommencement ? Mais si à contrario tout devenait le néant et la souffrance cessait enfin ?
Alex n’en est plus au point de se poser toutes ces questions lorsqu’elle se retrouve à la gare prête à franchir ce tout petit pas qui la délivrera de sa souffrance. Prête à en terminer avec le supplice qu’est devenu sa vie. Un an. Cela peut paraître beaucoup pour oublier, mais peut-on quantifier la peine d’un deuil ? Comment oublier lorsque chaque matin la douleur qui vous tord les tripes est toujours aussi forte ? Comment oublier lorsque seule, vos pleurs ne sont que hurlements ? Comment avancer lorsqu’on a tout simplement plus la force de lutter…
Alex est psychiatre. Mais Alex est aussi suicidaire ! Paradoxal pour une psy me direz-vous ? Et pourtant, nul n’est à l’abri de sombrer lorsque sa vie se brise… Elle n’a plus le goût à rien et encore moins à celui de vivre. Son être est brisé, éclaté en des millions de particules. Faire ce pas qui la libérera à tout jamais lui importe peu. Elle n’a pas peur de la mort… Elle l’appelle même de tout son être pour qu’elle la libère enfin de son carcan. Un tout petit pas sur ce quai de gare à l’arrivée de L’Express régional JQ2042 … Qui la mènera vers sa liberté… Chance ou malchance, elle sera sauvée de justesse par un homme qui va changer son destin.
Cet homme l’intrigue. Son regard l’intrigue. Parfois vide, parfois dérangeant. Il dégage une puissance douloureuse et inqualifiable, lui inspirant néanmoins une sorte d’apaisement. Sans savoir pourquoi, elle va faire le choix de l’aider. Lui, cet homme sans passé et Elle, cette femme sans avenir vont devenir durant un temps, essentiels l’un à l’autre. En cherchant à savoir qui il est, Alex va se retrouver face à la seule personne capable de l’accueillir telle qu’elle est, avec son chagrin, son deuil et sa folie… Elle va vaciller entre l’ombre et la lumière jusqu’à devoir faire un choix dont la décision finale lui file petit à petit entre les doigts…
Un roman coup de poing, coup de coeur ou encore, coup dans l’âme… Jusqu’à ce que la mort nous sépare est un titre qui pourrait prendre n’importe quelle direction et qui ne va pas se gêner pour nous mettre sur plusieurs routes qui vont néanmoins toutes se relier en une, la destination finale. Un roman qui me parle et dans lequel j’ai facilement pu m’identifier au personnage d’Alex, même si je n’ai jamais vécu le drame de sa vie. Il faut dire qu’Avril Sinner a eu les mots justes, les mots qui percutent et qui vous broient les tripes et le cœur à de nombreuses reprises. Ce qu’éprouve Alex est tellement puissant que cela en est éprouvant. Tout comme X qui derrière tout son mystère fait osciller nos sentiments. On l’aime autant qu’on souhaiterait le détester. On veut qu’il reste autant qu’on souhaiterait le voir partir…
Avec ce récit, l’auteure nous emporte dans un univers plus sombre qu’à son habitude, et moi qui suis fan de sa plume et qui adore tous ses romans, je peux vous dire que celui-là sera mon plus gros coup de coeur. Dès le prologue, elle nous emporte dans un récit fort, énigmatique et angoissant, écrit avec profondeur. J’ai pleuré. Beaucoup pleuré. Mais j’ai surtout aimé ressentir tout cela. Qu’importe la douleur, lorsque la lumière arrive, je pouvais reprendre mon air que je retenais tant. Que ce soit le côté obscur et psychologique aux thèmes très philosophiques de la première partie, ou le plus lumineux de la seconde ! Je peux dire que je n’ai pas simplement lu ce récit, mais je l’ai carrément vécu avec nos protagonistes. Leurs émotions deviennent les nôtres, tout comme leurs douleurs et leurs doutes ainsi que leurs regards sur ce qui ne se voient pas, nous entraînant alors avec eux au milieu de leurs ombres obscures.
La plume subtile d’Avril Sinner aborde des sujets délicats et manie avec brio les mots pour parler de la mort, du deuil et la dépression. La dépression d’Alex touche plus que de raison. L’impact du drame est fort, trop fort et la perception de son avenir devient alors complètement déstructuré. L’auteure ne pouvait pas plus nous immerger dans sa douleur. Elle est brillante et sait toucher là où cela fait mal. Une fois de plus, elle nous montre tout son talent. Tout le roman est richement travaillé et possède un cheminement psychologique et philosophique mené de main de maître d’un bout à l’autre, nous emportant dans un suspense mystérieux et captivant qui va nous retourner autant les tripes que les neurones. Chaque situation compte. Chaque mot compte. Tout prend son sens au moment voulu. L’amour est là, à chaque page. L’amour qu’on pleure, l’amour qui fait mal comme celui qui fait du bien, l’amour qu’on découvre, l’amour qu’on n’arrive plus à donner… Tout au long du roman, l’amour est là et bien là. Il transpire des pages et s’insinue au plus profond de nous pour nous permettre de ressentir tout ce qu’il inspire.
Jusqu’à ce que la mort nous sépare, est aussi un roman pile ou face comme j’aime l’appeler, car s’il m’a touchée au plus haut point, s’il a été un coup de cœur énorme, mais aussi un coup dans l’âme, il faut avoir l’esprit ouvert sur la mort pour que cela puisse le faire. Un esprit trop cartésien ne l’appréciera pas à sa juste valeur, mais pourra tout de même le trouver très intéressant, les émotions juste moins exacerbées. La science est une vérité, mais croire à ce que l’on ressent n’est pas non plus un mensonge… J’en ai tellement à dire sur ce roman que je dois me freiner pour ne pas spolier, alors par ce fait, je vous laisse ce grand plaisir de vous y aventurer par vous-même, l’effet ne sera que meilleur !
Un grand merci à Black Ink Éditions pour m’avoir permis de découvrir cette pépite livresque. Merci à Avril Sinner de m’avoir happée en plein cœur de son récit qui m’a complètement chamboulée, mais surtout conquise.
Extrait :
« Il y a du monde pour assister à mon départ. Normalement cela devrait me freiner, mais c’est le contraire. Là, tout de suite, je n’ai plus aucune empathie, plus aucune envie de les voir, de les entendre. Ici, sur ce quai, je suis seule parmi les autres. Ces gens me montrent à quel point leur vie continue alors que la mienne est ravagée. Se lever, se préparer, déjeuner, aller au travail, revenir, s’occuper des enfants et recommencer. Une routine bien huilée que je suis censée retrouver aujourd’hui. Oui, c’est le jour de ma reprise. Mon grand retour dans la normalité. Mon attention se porte sur l’horloge de la gare. 7h45. Encore 15 minutes. Est-ce que j’ai peur ? Pour être honnête, un peu. Mais c’est tellement infime par rapport à ce que je supporte chaque jour, chaque instant depuis un an.
Un souffle d’air balaie mes cheveux, la surface métallique frôle mon nez puis s’arrête dans un cri strident. Incapable d’effectuer le moindre mouvement, je ne bouge plus. Je sais que je suis trop près du bord, que j’ai franchi la bande rugueuse de sécurité sur le sol et derrière laquelle tous attendent. Peut-être me prennent-ils pour une rebelle. Cette idée m’arrache un sourire. Je n’ai tout simplement pas le courage de faire trois ou deux pas. Non, juste un.
Les portes s’ouvrent, crachent leurs voyageurs, vite remplacés par d’autres. À cette heure de pointe, ils se précipitent, se bousculent dans l’espoir de gagner une place assise. C’est vrai que c’est super important. Ridicule. Dire que j’étais comme eux, avant.
La sonnerie annonce déjà le top départ. Quelques retardataires courent. Ils font bien car le trafic risque d’être perturbé. De nouveau le souffle d’air et le vide, devant moi, sur le quai. Celui d’en face est encore bondé. Une femme porte un rouge à lèvre rouge vif, une autre lisse sa jupe dans un geste nerveux et répétitif, deux jeunes filles rigolent ensemble et…
Un frisson remonte le long de ma colonne, raidit ma nuque. De l’autre côté des rails, je ne vois plus que lui. J’ai envie de partir en courant, en hurlant, mais je me pétrifie. Figé dans son costume sombre, trop élégant, au milieu d’une foule qui paraît tout d’un coup informe, désuète, immonde, il me fixe. Une terreur inimaginable me submerge, m’étouffe. Dans ses yeux pourtant si bleus, j’entrevois toute la noirceur du monde et, happée par son regard, je plie sous le poids de la douleur, mais surtout de l’interdit. Mes traits se crispent, ma bouche se tord. Pourquoi j’ai si mal, si froid, si peur ? Qui est-ce ? L’arrivée de son train rompt ma connexion morbide. Immobile, j’attends qu’il reparte puis, effrayée, perdue, je le cherche. Il n’est plus là. Une tristesse inouïe remplace l’effroi. Mes larmes coulent toutes seules, inondent mes joues. Un trou béant s’ouvre dans ma poitrine. Pourquoi je pleure ? Mes souvenirs affluent maintenant les uns après les autres. Ma vie défile à toute vitesse dans ma tête. Jusqu’au point de rupture. Ce jour où je l’ai perdu. 8h00. L’express régional JQ2042 va entrer en gare. C’est ton anniversaire aujourd’hui. Celui de ta disparition. Et ce sera le mien. Un pas, un tout petit pas…
Extrait de Jusqu’à ce que la mort nous sépare Avril Sinner

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