Auteur : Isabelle Fourié
Titre : Coeurs Tatoués
Genre : Romance
Editions : Black Ink
Ebook : 4.99 €
Broché : 17.00 €
Résumé :
Un soir de novembre, un attentat. Tout ce qui composait la vie de Caroline lui a été arraché en un instant. Depuis, son cœur est farouchement protégé par une armure inviolable. Quatre ans plus tard, cette brillante chirurgienne parisienne s’envole pour intégrer les Royal Flying Doctors, unité médicale australienne qui intervient dans les coins les plus reculés du bush. Une nuit torride à Sydney avec un parfait inconnu est la dernière distraction qu’elle s’autorise avant son nouveau départ. L’Australie a beau être vaste, le karma est facétieux. Son coup d’un soir n’est autre que Luke, pilote sexy et prétentieux affecté comme elle à Broken Hill. Il n’a pas l’intention de faciliter son intégration. Ça tombe bien, Caroline a un caractère trop affirmé pour laisser qui que ce soit l’abattre. Surtout pas un arrogant décidé à la faire craquer. Mais le danger ne se trouve pas toujours là où on l’attend. Le destin veut jouer ? Il a trouvé à qui parler.
Mon avis :
Cœurs tatoués… Une belle romance pleine d’émotions qui rend hommage aux survivants des attentats de Paris, mais aussi en mémoire des victimes. Un prologue qui fait déjà verser des larmes et nous donne le ton d’un roman qui va dans tous les cas nous marquer d’une manière ou d’une autre… Un voyage livresque dépaysant en plein cœur de la beauté sauvage de l’Australie et des « Royal Flying Doctor », ces anges du ciel qui fournissent à la fois l’aide d’urgence et les soins de santé primaires aux personnes qui ne peuvent accéder facilement aux organismes de santé en raison des distances prohibitives de l’Outback. Une romance vraiment intéressante sur plusieurs sujets et particulièrement celui du syndrome du survivant que l’auteure va mettre en avant avec Caroline, mais aussi avec Luke d’une manière différente.
Caroline, étudiante brillante en chirurgie au caractère très trempé qui n’a plus goût à la vie depuis le drame qui lui a enlevé tous ceux qu’elle aimait un soir de novembre. En une fraction de seconde, tout a basculé… En un battement de cœur, elle a tout perdu… Tout ? Non. Car le sien bat toujours et non sans mal. Mais comment survivre après un tel drame alors qu’un avenir brillant vous tendait les bras ? Comment ne pas se sentir coupable d’être toujours en vie ? Pourquoi elle ? Quatre ans plus tard, les questions restent les mêmes et le sentiment de culpabilité est omniprésent. Caroline n’est plus qu’une coquille vide au grand désarroi de son mentor et de sa meilleure amie Anna. Ce dernier, décide de jouer sa dernière carte en lui obtenant un poste au sein des Royals Doctor de Broken Hill perdu au milieu du Bush australien. Pour lui, Caroline a besoin de défis et d’adrénaline pour se sentir à nouveau vivante et maitriser ses démons, elle perd bien trop souvent pied… Elle doit rattraper la vie et non la subir… Un an ! C’est tout ce qu’il lui demande et il la laissera en paix si c’est son souhait. N’ayant pas trop le choix, la voilà qui s’envole vers ce continent et ses paysages somptueux, arides et sauvages. Une terre aux étendus hostiles qui ne sont pas faites pour s’ancrer sur laquelle Caroline va faire des rencontres étonnantes et détonantes. Une terre qui, à l’image de notre héroïne, mais aussi de ses habitants, ne se laisse pas facilement apprivoiser… Pourtant, c’est là qu’elle va réapprendre à vivre. Sa rencontre avec Luke le bel Australien y est-elle pour quelque chose ? Dans tous les cas, elle en sera le détonateur !
Tout un décor planté pour un merveilleux voyage livresque qui emplit tout les sens ! Avec Cœurs Tatoués, Isabelle Fourié nous emporte sans préavis dans son univers et malmène nos émotions qui ne cessent de prendre des virages à vive allure avec cette peur d’en louper un à un moment donné. Le cheminement psychologique d’une reconstruction n’est jamais facile dans les romances, car il faut toujours garder cette part de beauté qui va nous permettre d’aimer, de voyager, de ressentir, de nous évader tout simplement. Dans Cœurs Tatoués, l’auteure choisit d’aborder le sujet d’une manière détonante en mettant face à face des protagonistes aux caractères bien trempés ! Que ce soit les principaux, tout comme les secondaires, ils sont tous à l’image de ce désert aride, farouche qui attire et qui repousse, et pourtant si attachant par sa beauté sauvage. Caroline trouvera alors là plus qu’un adversaire de taille. Certes il y a Luke, notre sexy pilote qui s’apparente plus à un connard arrogant, mais qui vit aussi avec ses propres démons. Ils dévouent tout deux leurs vies au service des autres et se ressemblent bien plus qu’ils ne peuvent le penser. Leur rencontre va leur permettre de se retrouver eux-mêmes face au bonheur qu’ils se refusent et ce, au détour d’une relation tumultueuse qui ne sera pas épargnée par le destin. Mais surtout, il y a L’Australie…. Un ensemble, une famille qui vous ouvre les bras et vous apporte de l’amour même si vous, vous ne savez plus faire de votre côté…
Réapprendre à vivre et à ouvrir son cœur sans avoir peur de perdre à nouveau ceux qu’on aime. Pardonner, se pardonner et avancer avec sa culpabilité, son passé, et les fantômes qui s’y rattachent sans appréhender l’avenir. Pour nos deux héros, c’est un même combat, mais ensemble on est toujours plus forts non ?
Entre émotions, rires, et larmes, Cœurs Tatoués aura été une très belle lecture, cependant je garderai un bémol concernant sa fluidité à certains moments. Un peu comme si cela avait été coupé et repris à plusieurs endroits et dont la liaison manquait de régularité. Cela m’a parfois même perdue. Tout comme l’intrique qui aurait mérité vraiment plus d’approfondissement et d’additivité. Le sujet était pourtant très bien trouvé, et j’en attendais beaucoup plus que ça. L’ensemble reste cependant une sublime romance que je vous conseille de vivre à votre tour ! Vivre ? Oui, je ne me suis pas trompée de mot. Tout simplement, car avec Cœurs Tatoués, on ne passe pas un moment de lecture, on le vit, on le sent et le ressent. L’auteure manie sa plume très bien dans ce sens. On prend la place de Caroline dès les premières lignes et son aventure devient aussi la nôtre.
Un grand merci à Black Ink Éditions pour cette belle lecture ainsi qu’à Isabelle Fourié dont j’avais eu un énorme coup de cœur pour sa première romance, V.E.R.I.T.A.S
Extrait :
Assortie à mes yeux, ma robe bleu foncé me moule. Gênante, elle m’interdit les enjambées caractérisant ma démarche. Accompagnée de Marie, je remonte la rue. Ma tête s’incline vers l’arrière. Elle ploie sous mon rire. Mon bonheur est si grand qu’il empêche mon corps de se tenir droit. Je n’arrive pas à me souvenir pourquoi nous nous amusons autant, mais les deux verres de vodka que nous avons pris avant de partir en sont sûrement les instigateurs. Au loin, tous m’attendent. Ils me font des signes. Bras tendus, ils me hèlent, me sifflent, m’interpellent. Je suis leur petite sœur, leur fille, leur amie. Ils sont les miens. Les effusions, les embrassades, les cadeaux font de moi le centre de leur attention. Comme prévu, trop fument pour que l’apéritif se passe ailleurs qu’en terrasse, mais la journée est si belle. La première rafale n’effraie personne. Elle impose le silence. Nous comprenons sans un mot que la situation vient de changer. Une fraction de seconde. Un battement de cœur. Un rire. Rien. Le temps se fige et tout bascule. Dans un râle, quelqu’un annonce qu’il faut se jeter à terre, se faire petits, disparaître. Les bruits des balles. Les corps qui tombent enchevêtrés les uns sur les autres. La lueur pâle des réverbères éclaire la scène, à la fois rapide et si lente qu’elle semble irréelle. Les décharges claquent et assourdissent avant le silence. Massif. Imposant. Omniprésent. Puis… le chaos. Les cris. Les pleurs. Les pas précipités des victimes apeurées qui résonnent sur le pavé. L’odeur de poudre mélangée à celle des chairs écœure et enivre en même temps. Le goût de la terreur. Les bouches béantes, d’où plus aucun hurlement d’horreur ne sortira. Jamais. Les yeux. Pour certains, déjà clos à la suite du passage de la grande faucheuse et pour d’autres encore ouverts, se raccrochant en vain à la vie. À l’espoir. Cette totale impossibilité de déglutir et ce goût de bile qui envahit ma gorge me paralysent. Mon souffle court est presque inaudible. Accroupie sous la table du restaurant, je regarde mes mains. Elles sont baignées de sang. Je ne cesse de me questionner. À qui appartient-il ? Je me fige sur l’image de mes doigts. Longs et fins, ils dégoulinent de liquide vermillon. Je n’ai pas mal. Pourquoi suis-je immobile ? Tout est flou. Pourquoi ne puis-je leur porter secours ? Pourquoi nous ? De cette belle journée, il ne reste que mes paumes dansantes, puis le néant…
