L’avis de Carine sur le roman de Fanny André, Malgré nos différences : Simples colocataires. Ou pas…chez City Editions


Titre : Malgré nos différences : Simples colocataires. Ou pas… 

Auteur : Fanny André

Genre : Romance

Editions : Eden City

Ebook : 5.99 €

Broché : 16.90 €

Résumé : Secrète et mystérieuse, Elzbieta est une jeune étudiante solitaire qui fuit les autres et préserve jalousement son intimité. Séduit au premier regard par cette jeune femme qui dissimule de profondes cicatrices sous ses longs cheveux, Silas est bien décidé à l’apprivoiser.

Il réussit alors à louer une chambre en colocation dans la même maison qu’elle. Mais on est bien loin du coup de foudre réciproque  :  Elzbieta veut obliger Silas et T-Rex, son gros chien dont elle a une peur panique, à partir. Elle se lance dans une véritable guerre où tous les coups sont permis.

Mais de la haine à l’amour il n’y a qu’un pas et Silas est bien décidé à ne pas se laisser faire, la guerre est déclarée !

Mon avis :

On devrait toute avoir un Silas dans sa vie… Mais quel personnage ! Cet homme est tout simplement parfait, même dans ses imperfections. Fanny André nous offre là un magnifique duo de protagonistes qui sont peut-être à l’opposé l’un de l’autre mais, qui se complètent pourtant si bien… Et ce, malgré leurs différences.

Silas a tout du bad boy. Crâne rasé, tatoué, biker et propriétaire de T-Rex, un Beauceron. L’image qu’il dégage ne correspond en rien à sa personnalité. Bienveillant, il a toujours été du genre à détailler les manies des autres pour savoir ce qu’ils attendaient de lui et adapter son comportement pour s’intégrer plus facilement. C’est ce qu’il fera une fois de plus en arrivant à l’université dans laquelle il va suivre des cours de Psycho en vu d’une reconversion professionnelle. Dès les premières heures, il est très vite accepté et fait déjà partie du paysage. Pourtant, malgré tous ses efforts, il y a bien cette fille aux cheveux bleus qui se cache des autres, essayant d’être la plus insignifiante possible, qui l’ignore complètement. Lui qui aime analyser tout le monde est tout de suite intrigué par cette étudiante qui ne rentre dans aucune case. Pourrait-il faire partie de ses amis ? Très difficile à dire puisqu’elle ne lui adresse pas vraiment la parole.

Les jours passent et il ne peut s’empêcher de se rapprocher d’elle. En dépit de tous ses efforts qui s’avèrent infructueux, il compte bien apprivoiser la belle demoiselle, la découvrir, connaître ses secrets, ses failles, ses cicatrices. Cela tourne même presque, à l’obsession. Elzbieta joue à la nana rebelle, solitaire, elle ne parle à personne. Elle souhaite juste qu’on la laisse en paix. Si jeune et déjà si marquée par la vie, elle subit son quotidien dans des cours qui l’ennuient. Le seul endroit où elle se sente bien, c’est chez Jo, le vieux bougre chez lequel elle loue une chambre loin de toute agitation dans une solitude parfaite en fabriquant ses bidouilles. Oui, mais ça c’était avant ! Avant que Silas n’ait la bonne idée de louer lui aussi une chambre chez Jo et devenir de ce fait, le colocataire de Elz qui ne compte pas le laisser faire. Hors de question qu’il vienne briser ses habitudes et encore moins avec son énorme chien dont elle a une peur traumatisante. Il doit partir et vite et pour cela, elle va lui déclarer une guerre où tous les coups seront permis. 

Une petite guerre puérile, mais qui va surtout leur en apprendre beaucoup l’un sur l’autre. Et c’est une belle transformation qui va se tisser au fil des pages pour Elz. Par cette relation naissante, des changements vont opérer en elle et la faire gagner en assurance. Et à une certaine maturité par le partage, l’écoute et la force que va lui insuffler Silas grâce aux sentiments qui se mettent eux aussi en place.

Malgré nos différences est une magnifique lecture qui met en lumière des protagonistes singuliers, très humains et attachants, qui pourraient être n’importe qui d’entre nous. Une romance qui va aborder des thématiques difficiles qui ne peuvent que nous toucher, mais aussi nous interpeler. Et le tout, dans un naturel désarmant. J’ai vraiment aimé les messages que Fanny André a su faire passer au travers le récit de Elz et Silas qui flirtent avec de nombreuses réalités de la vie, plusieurs sujets disséminés par ci-par là, mais sur lesquels on va s’arrêter comme une évidence pour se les approprier. Des réalités dont on parle peu, pour certaines, qui alertent le lecteur dans leurs découvertes. Et l’autrice le fait avec une simplicité qui m’a touchée. Elle n’a pas cherché à enjoliver les choses, ni a les empirer. Elle a tout simplement trouvé un juste milieu pour rendre son histoire le plus réaliste possible en intégrant au récit de la romance, de l’humour aussi et de nombreuses situations qui mettront en avant des faits de société parfois, même, abjectes. Particulièrement un qui m’a mise dans une colère noire, fait couler de nombreuses larmes et dont on ne parle vraiment pas assez.

D’autres encore, comme le cas du petit frère à Silas qui m’a interpelée au point d’en avoir parlé à mon fils pour le mettre en garde. Des thèmes qui nous poussent vers la réflexion et ce, à plusieurs reprises. Sans oublier aussi l’attachement que chacun d’entre nous a pu avoir un jour pour une boule de poil, que ce soit un chat, un chien, un furet ou bien d’autres encore.

Malgré nos différences parlera évidemment de tolérance, mais aussi de préjugés, de traumatisme, et de changement de vie. Pour affronter le tout, nos protagonistes vont devoir s’adapter et aller chercher à l’intérieur d’eux, mais aussi chez l’autre, le courage d’aller au-delà d’eux même. Le tout sera toujours fait tout en subtilité, mais avec aussi le nombre de connaissances de l’auteure, très impressionnant, sur certains points qui m’ont bluffée. On voit bien qu’elle a pris le temps de faire les recherches nécessaires pour nous offrir un récit cohérent et juste. Tout particulièrement en ce qui concerne Elz et sa phobie.

Si j’ai aimé Elz dès les premières pages, touchée par ses fêlures et sa manière de mener sa vie complètement enfermée dans son monde, sans se dépêtre d’un caractère très haut en couleur. Silas lui, m’a complètement envoutée. Ce personnage est tellement beau intérieurement et si bien travaillé par l’auteure que l’on se délecte de tout ce qu’elle nous donne sur lui et avec lui. Sa reconversion professionnelle tout comme son boulot lui ressemblent tellement. Sa manière d’aborder et d’apprivoiser les gens nous conforte dans ses choix de vie et le rendent tellement humain et empathique. Un roman sombre et lumineux à la fois car, si les sujets abordés sont lourds et noirs pour certains, Fanny André y apporte sa touche d’espoir. Elle nous montre que la reconstruction n’est pas facile, mais elle n’est pas impossible. Que Malgré nos différences, nous sommes tous égaux, on peut tous s’aimer et s’entendre qu’importe nos choix de vie, le physique, l’âge, ce qu’on attend de nous. Qu’importe si on repousse les gens par peur d’être déçus ou que la peur elle-même nous guide dans une vie trop sombre pour être vécue à sa juste valeur. Qu’importe aussi les erreurs qu’on peut commettre, elles ne nous définissent pas, elles nous permettent simplement d’avancer en choisissant la bonne route en se donnant les moyens qu’elle nous mène vers la vie qu’on a choisi de vivre. Tout comme la manière de la vivre et qu’il existe des moyens pour y parvenir.

Un grand merci à Fanny André ainsi qu’à City Éditions pour l’envoi de ce service presse dans la collection romance Eden en format broché.

Extrait :

« Vu que je marche en ligne droite, nez baissé, parfois même en lisant – ouais, j’ai déjà bouffé un poteau avec cette habitude, mais ça vaut mieux que de croiser le regard des autres –, je ne remarque pas tout de suite la roue qui dépasse sur l’allée précédée d’une chaussure de cuir. Je relève la tête au dernier moment quand je suis à deux doigts de heurter ladite chaussure, mon cœur faisant un bond subitement – comme moi – pour éviter la collision.Mon regard remonte le long de la fameuse boot version chantier, et je trouve un jean, qui se révèle être porté par le nouveau. Il me sourit. Verts ou bleus, les yeux ? Dans ce genre, en tout cas…

— Salut, tu veux que je t’accompagne ?Je cligne des paupières, et une mèche de cheveux s’accroche à mes cils un peu trop maquillés. Je viens de changer. « Bad Boy Blue » avait ma préférence à «Atomic Turquoise ». Eh oui, je me teins sûrement en grande partie à cause des noms ! Voyant qu’il ne bouge pas, et étant de nature polie, je me borne à répondre :

— La BU est à cent mètres.Mais il reste là comme un con, en plein milieu.

— Un café ?Je manque de peu de m’immobiliser de nouveau, mais l’élan étant une force qui déboîte, je le dépasse sans broncher, écrasant le sol de mes Doc.

— Y a une machine à la BU, merci…Il lève une main qui se veut… apaisante ?

— Écoute, je souhaitais juste faire connaissance ; j’ai dû parler à tout l’amphi sauf à toi.Je finis par m’arrêter, sans doute trop atterrée par sa répartie.

— Ah !… Donc, je suis la dernière, tu t’y colles ? Merci, mais non, merci, c’est un peu l’argument le plus moisi que j’aie jamais entendu.Je préfère être franche, au cas où il se montrerait incapable de comprendre seul que c’était vexant, quoi ! Dernière ? Pauvre type… Je repars.

— Et si je te disais que ta nouvelle couleur est assortie à ma bécane ? C’est un signe, on doit se parler !Je dois avoir la mâchoire qui pend, tant je trouve ça débile. Il n’a pas sorti ça. Pas en vrai. Sauf qu’il sourit et semble à deux doigts de se marrer comme un abruti. Yeah, je suis la dernière et je suis assortie à sa bécane ; dans le genre rapprochement cosmique, ça se pose, là. Après avoir haussé un sourcil aussi haut que je peux, je conclus, péremptoire :

— Change de bécane. « 

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