L’avis de Carine sur Les Élus – tome 1, un roman de Veronica Roth chez Michel Lafon


Titre : Les Élus – tome 1

Auteur : Veronica Roth

Genre : Science Fiction

Editions : Michel Lafon

Ebook : 13.99€

Broché : 19.95€

Résumé : Appelés par une prophétie pour vaincre l’Obscur, les Élus ont sacrifié leur jeunesse pour sauver le monde.
Dix ans plus tard, les cinq adolescents ont désormais trente ans et célèbrent une décennie de paix. Tous ont oublié cette sombre période et profitent de la célébrité que leur a accordée cette victoire. Tous sauf Sloane, encombrée par sa notoriété et hantée par le souvenir de son ennemi.
Lorsque d’étranges phénomènes se produisent, les Élus sont une nouvelle fois sollicités par l’État. Si tous pensent qu’il ne s’agit que de coïncidences, Sloane, elle, est persuadée que l’Obscur est de retour. Acceptera-t-elle de reprendre le rôle de l’héroïne potiche que le public aime tant, ou prendra-t-elle enfin le contrôle de son destin, quitte à briser la prophétie ?

Être un héros n’est pas une destinée… c’est un choix.

·::·゚゚·::·゚ Mon avis : ✿゚·::·゚゚·:

Trop fan de la trilogie Divergente, je ne pouvais passer à côté de cette nouvelle sortie de Veronica Roth. Pourtant malgré ma frénésie d’embarquer rapidement, il m’a fallu le reprendre plusieurs fois avant d’arriver à entrer complètement dans l’histoire, qui a été pour ma part complexe sur le départ.

Une complexité due à la mise en place de la trame qui alterne la présentation des personnages et leurs histoires, ainsi que des rapports top-secret officiels qui vont retracer les évènements à des moments précis pour nous en apprendre plus. C’est original comme mise en scène et j’aurais pu l’apprécier si j’en avais su un peu plus auparavant. Ne lisant pas les résumés, il m’a fallu beaucoup de temps pour remettre toutes les pièces du puzzle ensemble et surtout, comprendre où l’auteure allait m’emmener. Au départ dans un Vortex sans fin, j’en avais bien peur !

Cependant, une fois que tout s’emboite et que l’on saisit le « avant » le « pendant », on n’a qu’une hâte, c’est de connaitre le « après ».

Le 15 mars 2010 victoire sur l’obscur. Les Élus, cinq adolescents qui avaient été identifiés pour être susceptibles de vaincre l’Obscur grâce à une prophétie classée secret-défense, Matt, Sloane, Ines, Albie et Esther se retrouvent 10 ans plus tard pour fêter cette commémoration de leur victoire. Ils ont sauvé le monde, mais, que sont-ils devenus ? Pourquoi Sloane est-elle toujours méfiante ? Comment ont-ils vécu le « après l’Obscur » ? Aucun d’entre eux n’a vécu les mêmes choses, ni perdu les même êtres chers… En apparence ? Ce sont des héros qui s’assument et que tout le monde acclame, idolâtre sans se soucier vraiment de ce qu’ils ont tous traverser… mais, intérieurement, ils sont toujours hantés ou encore sur leurs gardes. Ils ont perdu leur jeunesse, leur insouciance. Leur vie… Et bien plus encore. Ils sont différents aujourd’hui. Mais les connaît-on vraiment ? Que cachent-ils derrière cette façade de faux semblants qu’ils montrent aux yeux du monde ?

Veronica Roth nous la fait à l’envers avec ce roman ! Nous sommes habitués dans nos lectures à découvrir des personnages qui vont évoluer, trouver leurs destinées, devenir nos héros que l’on chérit, on se régale et nous voilà au mot fin de l’histoire. Hors, dans les Élus, nous sommes dans l’après. Tout c’est déjà passé. Ce sont des héros. Ils ont déjà sauvé le monde alors, où va-t-on aller ?

L’auteure va exploiter différents axes dans cette lecture, en jonglant entre le passé et le présent, nous menant vers un futur en mettant en évidence une chose assez importante, le stress post-traumatique de nos héros. Leurs façons de vivre à ce jour avec des valises bien trop lourdes à porter pour les uns ou à contrario profitant de la notoriété pour d’autres. Mais lorsque d’étranges phénomènes se produisent à nouveau, quelles vont être leurs lignes de conduite face à leurs découvertes ?

Les élus de Veronica Roth est un roman magnifiquement mis en scène, même si cela ne l’a pas fait pour moi sur une très grosse partie. Je pense que c’est parce qu’il faut qu’il soit lu tranquillement. Sans omettre aucun détail, et prendre son temps sans vouloir avancer trop vite en laissant les protagonistes venir à nous. On doit le prendre comme si nous étions en immersion avec des héros sans les connaître. Sans rien connaitre leur histoire. Ce qu’ils ont vécu ont laissé de grosse séquelles, il est donc normal qu’on ne puisse pas les comprendre ni les analyser immédiatement. Il nous faut d’abord comprendre leur parcours. Cela me donnait presque l’impression que… ils attendaient de me faire confiance pour se dévoiler. Non je ne suis pas dingue, promis ! Mais leur méfiance, particulièrement celle de Sloane est tellement anxiogène qu’on ressent une oppression lors de la lecture. Au début, je me disais que c’était la lenteur et les longueurs qui me mettaient dans cet état, jusqu’à ce que je comprenne que c’était tout simplement la plume de Veronica Roth qui a parfaitement su créer pour le lecteur, l’univers oppressant des protagonistes. On ne sait pas où on va ? On ne sait pas dans quoi on embarque ? Mais… Eux non plus ! Alors mis à part de les suivre, faut pas chercher plus loin dans un premier temps. Et c’est là qu’on va accrocher ou pas. Sommes-nous prêts en tant que lecteurs à laisser venir autant de choses à nous ?

C’est en suivant Sloane que le récit s’offre à nous dans une narration qui se veut malheureusement trop impersonnelle pour se mettre à la place des personnages. D’ailleurs, Sloane pourrait ne pas être attachante, je crois qu’elle ne doit même pas l’être pour beaucoup de lecteurs qui ne prendraient pas le temps de la comprendre. Personnellement, elle a su me toucher, à sa façon. Lorsqu’on retrace sa vie et ce qu’elle a vécu lors de « L’Obscur », on ne peut pas s’attendre à ce qu’elle soit solaire. Elle ne l’était déjà pas avant, alors comment le devenir après ! Les médias ont créé une image d’elle qui ne la montre pas sous son meilleur jour, mais en a-t-elle vraiment un ? Sloane pourrait paraitre fade, personnellement, je l’ai trouvée éteinte… Engloutie par l’Obscur et hantée par ses ombres. Et là la question se pose : comment s’attacher à un personnage qui, elle, ne s’attache à personne ?

La plume de l’auteure est toujours aussi bien imagée et l’univers y est décrit à la perfection. Je n’ai rien à redire là-dessus. J’ai tout vu défiler comme dans un film et les dernières pages…. Que vous dire, phénoménales ! Malgré une chute que j’espérais bien meilleure, mais qui reste très bonne car cette dernière partie est époustouflante et m’aurait presque, je dis presque, fait oublier que ce roman a été très difficile à lire.

Pour résumer, la fluidité m’a certes manqué sur une bonne partie, par toutes les coupures, mais la seconde est beaucoup plus dynamique et rythmée de manière différente. Je suis consciente que mon avis est en demi-teinte, car ce qui m’a posé un problème sur la première moitié fait partie de l’originalité que j’ai apprécié y trouver. Et dans l’action et l’idée de la trame, le talent de Veronica Roth n’est surement pas à remettre en cause dans ce roman. Loin de là. Lorsqu’on referme le roman, paradoxalement, on se dit, mais non, mais encore ! Alors pourquoi ce manque d’enthousiasme ? Je préfère lire un One Shot, mais il est clair que ce roman aurait mérité d’être coupé en deux pour que l’auteure prenne le temps d’approfondir ses héros, pour qu’on s’attache un peu plus à eux avec une narration qui leur aurait été propre et que le fil du récit soit moins complexe. Complexe, comme le mélange de genre dans lequel on va se retrouver qui oscille entre le Urban fantasy, la science-fiction et le fantastique. Je ne saurais pas vraiment lui coller une étiquette, je n’ai d’ailleurs jamais su le faire en tant normal alors avec un mélange encore moins. Moi qui comptais lire une dystopie, il est déjà clair que cela n’en est pas une.

Pour clôturer mon avis en demi-teinte, je dirais que ce roman est à l’image même de son héroïne. Et pour vous imager mon ressenti, quoi de mieux que de reprendre les mots de Matt concernant Sloane, je trouve qu’ils sont aussi parfaits pour le roman en lui-même : « La coquille dure, mais un fondant praliné à l’intérieur que peu de personnes pourront y goutter ou encore en sentir les effluves. « 

Je reste persuadée que seuls les vrais fans du genre, ceux qui prennent le temps de l’analyse en tenant compte de tous les paramètres, pourront l’apprécier à sa juste valeur. Pour ma part cela reste vraiment dommage qu’il faille attendre autant de temps pour apprécier une lecture.

Un grand merci aux Éditions Michel Lafon pour l’envoi de ce service presse broché dont la couverture est tout simplement sublime. Il trône fièrement depuis en vu car, j’aime y passer devant et le voir coup à coup mate, brillant, lumineux… ou Obscurs. Un grand bravo pour ce choix.

Extrait :

C’est là que je percute : je ne l’aime pas. Cette fille a sauvé des milliers – des millions de vies. Dont la mienne, sans doute. À treize ans, elle a été désignée par une prophétie comme l’une des cinq jeunes destinés à vaincre un être tout-puissant d’une nature purement maléfique. Elle a survécu à plusieurs affrontements avec l’Obscur – y compris un bref enlèvement dont elle n’a jamais voulu parler – et en est sortie saine et sauve à dix-huit ans, superbe et au sommet de la gloire. Cerise sur le gâteau, elle est en couple avec Matthew Weekes, golden boy et Élu parmi les Élus, globalement considéré comme « peut-être bien le gars le plus gentil de la Terre ». Il n’empêche que je n’aime pas Sloane.

Et elle s’en fout comme de sa première chemise.

C’est précisément ce qui me donne envie de coucher avec elle. Comme si, en la mettant dans mon lit, je pouvais la forcer à ressentir quelque chose. Elle fait de moi un mâle alpha, un chasseur résolu à capturer cette proie insaisissable et à arborer sa tête dans son salon comme un trophée. C’est peut-être pour ça que les gens l’accostent partout où elle va : non parce qu’ils l’aiment, mais parce qu’ils veulent l’aimer, la rendre aimable.

Lorsqu’elle pose son mug, mes yeux tombent sur la cicatrice qui traverse tout le dos de sa main droite, large, noueuse, en dents de scie. Sloane n’a jamais dit comment elle l’avait eue et ne me l’avouera pas davantage, mais je me dois de lui poser la question.

– Coupure de feuille de papier.

Je ris, supposant que c’est censé être une blague. Puis je lui demande si elle va aller à l’inauguration du monument de la Décennie, une œuvre d’art érigée sur le lieu de la défaite de l’Obscur, et elle me répond que ça fait partie du taf, comme si elle parlait d’un boulot derrière un bureau et non d’un destin.

– Ça n’a pas l’air de vous emballer.

– Mince, ironise-t-elle. Qu’est-ce qui m’a trahie ?

Avant l’interview, j’ai demandé à quelques amis ce qu’ils pensaient d’elle, pour me faire une idée de la façon dont le citoyen lambda perçoit Sloane Andrews. L’un d’eux m’a répondu qu’il ne l’avait jamais vue sourire. En la regardant, je me demande soudain si ça lui arrive. Je me le demande même à voix haute, histoire de voir comment elle va réagir.

Pas très bien, en fait.

– Vous me poseriez cette question si j’étais un mec ?

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