✧˚₊‧୭⁺‿︵ Titre : Oscillation(s) ‿︵⁺୭‧₊˚✧
Auteur : Isabelle Fourrié
Genre : Romance
Editions : Black Ink Editions
Ebook : 5.99 €
✧˚₊‧୭⁺‿︵ Résumé : ‿︵⁺୭‧₊˚✧
Après une chute dans l’escalier du Palais Garnier, Lésia Agostini a tout perdu. Danseuse à la carrière dorénavant brisée, elle se réveille amnésique.
Si elle a tout oublié de son passé, un homme la relie à son présent : Mattéo Roussel.
Le journaliste politique à la réputation sulfureuse prétend qu’ils sont en couple. Fiancés même ! Charismatique, manipulateur, séducteur, se sert-il d’elle ou désire-t-il l’aider ?
Pour comprendre qui elle est, Lésia est prête à tout : s’abandonner à la passion, endurer la trahison et même affronter la vérité.
Mais… son histoire avec Mattéo survivra-t-elle à sa quête ?
✧˚₊‧୭⁺‿︵ Mon avis : ‿︵⁺୭‧₊
Le glissement des mots emplit les pages qui se tournent les unes après les autres. Il y a d’abord eu l’échauffement, qui d’emblée va nous mettre dans l’ambiance dans une belle chorégraphie, puis…
Changement de cap. C’est la chute…
En position.
Et un… Lesia Agostini est brisée…
Et deux… Elle a tout oubliée…
Et trois… Pas chassée vers un futur sans en connaitre son passée…
Et quatre… Dégagée vers la peur…
Et cinq…
Et six… Elle est prête à tout pour comprendre.
Lorsque Lésia, danseuse étoile se réveille à l’hôpital blessée et amnésique, on pourrait dire qu’elle ne sait sur quel pied danser. Brisée, méfiante et se sentant en danger, elle n’a pas d’autre choix que de faire confiance à ce journaliste ténébreux qui se dit être son fiancé. Comment faire face au présent, au passé ou encore au futur lorsque l’on ne se souvient de rien ? Pourtant, même si son corps ne semble pas reconnaitre cet homme, sa conscience, elle, lui accorde sa confiance tout en lui indiquant de se montrer prudente. Serait-ce une erreur ? Quoi qu’il en soit, Lésia doit d’abord aller mieux avant de pouvoir penser et réfléchir à la suite. La danse ne sera plus jamais un option, et seule certitude à ce jour…. Elle est en vie…. Mais pour combien de temps ? Malgré ses craintes et la panique qui la bouffent, qu’elle cache du mieux qu’elle peut et qui ne la quitte pas, elle est prête à tout endurer pour se souvenir et pour comprendre, pourquoi. Pourquoi a-t-on tenté de la tuer. Qui ? Est-ce pour briser sa carrière ou est-ce plus personnel ? Mais surtout, est-elle toujours en danger ?
Mattéo Roucel a tout pour plaire. Journaliste ténébreux et sulfureux, il va tout prendre en main et prendre soin de Lésia. Mais très vite, on tombe de haut car l’auteure ne va pas nous cacher que Mattéo ment à sa « fiancé » et mène sa petite enquête sur quelque chose qui lui tient à cœur et dont Lésia est la clé. Il intrigue, surprend, désarçonne et nous énerve même parfois par son arrogance et sa façon de manipuler Lésia alors qu’on comprend très bien que des sentiments les lient et qu’ils ne sont pas anodins. Il est très dur avec elle dans sa quête, et à la fois doux dans son quotidien, mais, j’aurais envie de vous dire, qu’il est tout simplement Corse ! Cependant on se demande jusqu’à quel point il est prêt à tout sacrifier pour son désir de vengeance. La sacrifier elle? Aucun doute dans un premier temps, et pourtant… Jusqu’où est-il prêt à aller pour arriver à ses fins ? Et si la vérité venait à changer tous ses plans? Rien ne va se passer comme on le pense, et encore moins comme lui le pense.
Entre secrets, manipulations, machinations, corruption, vengeance et mensonges, qui des deux va mener la danse ?
Fouetté avant, jeté arrière, pas de bourrée, Lésia sera l’étoile d’un nouveau ballet riche en émotions, sensations et révélations, avec l’espoir que le dernier acte ne lui soit pas fatal…
Une fois de plus, Isabelle Fourié nous a concocté une petite merveille dans un univers encore différent d’à son habitude et dans des lieux magnifiques qui nous enivrent de mille senteurs. Elle va malmener ses héros tout en maniant sa plume pour nous apporter un suspense intriguant sous fond de nationalisme Corse et les rebondissements nécessaires pour vivre avec eux l’action et les révélations. Mais aussi, toutes les émotions qui s’en dégagent, et je peux vous dire qu’elles y sont nombreuses. Au travers de cette histoire. Isabelle Fourié va aussi mettre en avant des sujets tabous comme la rigueur, les sacrifices et les brimades que Lésia a du endurer pour atteindre et rester à L’Opéra Garnier. Certains sujet seront survolés, mais dit. Lu et vu comme celui du harcèlement, qu’il soit sexuel ou pas, il est bien présent et arrivent bien trop tôt dans la vie de ces jeunes filles.
L’évolution de l’amnésie de Lésia est très bien maitrisée et nous offre une vision particulière de notre lecture puisqu’on découvre tout, en même temps que ses souvenirs reviennent. Comme si nous étions vraiment dans sa peau et dans sa tête et c’est un plus énorme d’être dans ce flou qui perturbe tout au long des pages qui se tournent. On attend tellement de pouvoir mettre tout bout à bout, même si pour certains éléments cela coule de source, ne découvrant vraiment le fond de l’histoire qu’au bon moment.
Tout est bien calculé, ficelé dans de belles variations de temps, de mouvements, de tâtonnements et de vacillations face aux sentiments. Face à cette histoire d’amour instable qui va se mettre en place au fil des flottements entre mensonges et non-dits; et pourtant, cette histoire est tellement vraie, si forte dans un passé présent qui pourrait tout impacter et ne pas avoir de futur. Si chacun d’eux se cachent des choses par manque de confiance, amertume ou encore, pour protéger l’autre, à notre grand plaisir, leurs confrontations laissent libre cours à leurs caractères passionnés pour dévoiler leurs vrais visages, leurs intentions jusqu’à leurs secrets et leur sentiments qu’il faut cependant bien comprendre et savoir lire entre les lignes. Car nous sommes dans une romance où l’histoire d’amour a du mal à laisser sa place face à l’intrigue qui est elle, est très prenante tout en laissant libre court à l’évolution des sentiments. Et j’ai aimé cette véracité. Mattéo est loin d’être fleur bleue et son amertume l’empêche de se laisser aller. Reste à savoir si ils auront un futur pour prendre le temps de se retrouver.
Oscillation(s)… Une belle romance suspens dans laquelle on ne peut que se plonger sans préavis en déambulant avec nos héros sur cette corde instable qui se balance entre passé et présent incertains et emplis de perplexités. Entre Paris et la Corse. Entre les odeurs de colophanes et celles du Maquis et ses immortelles….
Un grand merci à Black Ink Editions pour m’avoir permis de découvrir encore une fois une si belle lecture en service presse numérique.
✧˚₊‧୭⁺‿︵ Extrait : ‿︵⁺୭‧₊˚✧
Les glissements d’air des grands battements emplissent le studio. Les fenêtres mansardées donnent sur les toits de Paris, seul horizon depuis un peu plus de deux heures. Il y a d’abord eu l’échauffement, puis les exercices d’assouplissement.
Changement de pied.
Et cinq.
Et six.
Bras en seconde position.
Dégagé.
Fouetté avant.
Sur le côté.
En arrière.
Mes narines s’emplissent de l’odeur de colophane1. Ma respiration se cale sur chacun de mes mouvements. Elle se fait discrète, doit paraître inexistante. Une ballerine ne connaît pas l’effort ni la douleur. Du moins, elle ne l’extériorise pas.
Elle sourit.
Elle vit chaque arabesque.
Les sentiments s’expriment jusque dans l’exacte position de ses doigts. Le public doit ressentir cette émotion ultime que transmettent les corps. La grâce n’est pas en option ni la tonicité, encore moins la précision.
Si l’on m’avait dit lorsque je suis entrée à l’école de l’Opéra de Paris que seize ans plus tard, j’en serai l’une des stars, j’aurais probablement répondu : évidemment, je n’imagine pas mon avenir sans la danse !
Ai-je une vie ?
En dehors des répétitions, des cours, des représentations. Qui sont mes compagnons ? Une paire de pointes, un collant de laine et un justaucorps. Pathétique en un sens. Mes amis n’en sont pas, ou plus. Si lors de notre arrivée, nous avions sympathisé, la camaraderie ne survit pas aux nombreux concours qui parsèment le quotidien d’un membre du corps de ballet du Palais Garnier. Sinon, il faut se fondre dans la masse, ne pas être doué.
Ce n’est pas mon cas. Je suis née pour danser.
M’enlever ce moment où je touche les étoiles me tuerait à coup sûr. M’empêcher de voler en effectuant un grand jeté équivaut à me priver d’air. Pourtant… Pourtant, certains jours, je souhaiterais un instant baisser ma garde. Ne pas avoir à subir les foudres d’un maître de ballet caractériel. Ne pas me retourner constamment pour m’assurer que personne ne me fera un croche-pied dans le seul but de me voir chuter, de prendre ma place. Ne pas porter ce secret qui m’empoisonne.
Les bruits de couloir racontent que je serai nommée étoile cette année. La reconnaissance ultime. La libération. La possibilité de choisir les représentations, les théâtres, les partenaires. Bien sûr, je serai toujours un membre de la compagnie des ballets de l’Opéra de Paris, mais plus personne ne pourra m’atteindre, m’enlever ma dignité en me faisant un chantage absurde.

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