L’avis de Carine sur le roman de Ludivine Delaune : Pas un mot chez Black Ink Editions


Titre : Pas un mot

Auteur : Ludivine Delaune

Genre : Romance

Editions : Black Ink

Ebook : 4.99 €

Broché : 17.00 €

Résumé : 

Bienvenue à Fishwood. Une ville paumée au cœur des États-Unis où les secrets sont bien gardés.
Caleb Kane est intelligent, sportif mais effacé. Son avenir tout tracé lui déplaît.
Hannah Laurens est populaire, mystérieuse mais ténébreuse. Son passé a façonné un futur qui l’indiffère.
Il n’ose prendre le contrôle sur son destin, elle est forcée de subir le sien.
Un jeu aussi curieux qu’inattendu s’installe entre eux.
Éblouis par la nuit, aveuglés par l’obscurité, ils vont apprendre que la lumière jaillit là où on ne l’attend pas…

Mon avis : 

Et puis un jour, c’est avec une grande joie que j’ai pu retrouver la plume de Ludivine Delaune avec Pas un mot. Des mots, moi, je vais en dire beaucoup ! Car j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec Hannah et Caleb.

Hannah est l’originale du lycée. La populaire Bad Girl, peste exécrable, alcoolique et renfermée qui se sert de son apparence pour éloigner tout le monde d’elle. Elle est Hannah Laurens et elle n’a besoin de personne. Qu’importe si elle n’a pas d’amis, aimer c’est la pire des choses. Aimer c’est risquer de souffrir en perdant ceux qui compte. Aimer, c’est prendre le risque de se faire abandonner après avoir tout perdu. Alors Hannah, ne s’ouvre à personne. Elle en a rien à foutre de tout et de tous ! Pourquoi faire ? Son avenir l’indiffère complètement et attendrait presque que ses frasques la conduise jusqu’à la mort. Depuis le terrible drame de sa vie, elle vit dans ses ténèbres et ne souhaite en aucun cas en sortir.

Et puis un jour, il y a cet instant qui a changé sa vie… Cet instant qui dit qu’il est l’heure et qu’il ne faut pas être en retard sur le bonheur. Cet instant où, la hargneuse Hannah sans avenir a rencontré le discret Caleb au destin tout tracé… Cet instant, où la lune s’est retrouvée face au soleil…

Une rencontre des plus anodine et surprenante à la fois. Deux êtres que tout oppose dans leur façon d’être et de concevoir, la vie, le présent, l’avenir… en surface. Car lorsqu’on gratte les couches de vernis et que l’on effrite ces carapaces qui crée un paradoxe entre les deux protagonistes, on va découvrir que chacun d’entre eux se cachent derrière des apparences bien trompeuses. Caleb est doux, discret et patient. Grand sportif, champion d’échecs et fils de bonne famille, il suit les traces de son père comme on attend de lui qu’il le fasse sagement. Il est à l’image qu’on a façonnée pour lui et se complait dans l’excellence et tout le simulacre de sa vie. C’est ce qu’on attend de lui, c’est comme ça et un point c’est tout. Un point c’est tout vraiment ?

Avec Pas un mot, Ludivine Delaune nous offre un magnifique récit sur la reconstruction. Lorsqu’on a tout perdu, il est très difficile de continuer à vivre… Pour qui ? Pourquoi ? Hannah se retrouve impuissante face à sa propre dérive et sa douleur, surtout lorsqu’on se sent autant coupable et que l’on a plus aucun point de repère. Le ton du récit est dur parfois, mais c’est ce qui le rend aussi réaliste, et touchant. Il est impossible de ne rien ressentir pour Hannah malgré que l’auteure en ait fait une véritable teigne à ses moments, car au travers de son mal-être, on ressent parfaitement ce qu’elle endure et il est très facile de s’identifier à elle et d’être aspiré à notre tour par son histoire et ses sentiments. Il est impossible aussi de ne pas avoir d’empathie face à Caleb qui est emprisonné dans des faux-semblants d’une famille qui ne connait rien à l’amour et auprès de laquelle, il ne peut s’affranchir.

Les personnages sont extrêmement attachants de par leurs vulnérabilités qu’ils cachent et par leurs failles. Mais surtout, par leurs forces de caractère qu’on admire et encourage avec une véritable empathie. On peut dire que cette force, ils se la donnent mutuellement l’un à l’autre. Face à des fondations complètement anéanties qu’il leur faudra reconstruire faisant table rase des ruines d’un passé douloureux … Pour ce faire, ils vont devoir affronter ce passé, se remettre beaucoup en question et apprendre. Apprendre à faire confiance. Apprendre à ne plus avoir peur. Apprendre à se relever, continuer ou encore à s’imposer. Accepter la mort et tirer un trait sur une culpabilité bien trop dure à porter. Apprendre à vivre et admettre qu’il peut y avoir un après. Apprendre à aimer de nouveau et surtout, apprendre de l’autre. Et pour apprendre, chaque leçon à son importance. La première ? Saisir l’instant T ! Cet instant qui va tout faire basculer. Un défi, à l’image d’un saut dans le vide. Un lâcher prise qui va ouvrir toutes les brèches et laisser apparaitre de plus en plus de sourires et alléger les maux du cœur tout en gagnant l’estime de soi.

Une magnifique romance avec laquelle j’ai passé un excellent moment de lecture et qui m’a touchée sur beaucoup de points, même ceux qui sont survolés avec d’autres personnages. Une nouvelle fois je suis tombée sous le charme de la plume de Ludivine Delaune qui a su retourner mon coeur à plusieurs reprises, mais aussi le ravir de nombreuses fois. Et pour celà un grand merci.

Pas un mot… de plus à part…

Foncez !

Un grand merci à Black Ink Editions pour sa confiance et pour m’avoir permis de découvrir cette magnifique lecture en service presse.

Extrait :

J’aspire une taffe de nicotine et laisse échapper la fumée par mes narines, j’ai l’impression que ma conscience se fait la malle en même temps que les volutes s’élèvent dans le ciel. Parce qu’elle est là, la vérité, je ne suis plus qu’une épave rejetée par la marée. Je n’ai plus rien à offrir et aucune possibilité d’être réhabilitée en parfait petit bateau de plaisance. J’évolue en sous-marin, bordel, dans le noir, sans savoir où je vais ni où je suis. Seule… Parce que la solitude ne mène nulle part, voilà ma destination.

— Hannah, je suis là. J’attrape ma tête entre mes mains. Tout se mélange. Notre rencontre, la complicité, la colère, la tristesse. Son mensonge. Ma culpabilité. Sa façon d’être lui, sa manière de faire ressortir le meilleur de moi. Ma carapace, le passé. C’est tellement difficile de se battre contre soi-même et encore plus contre quelqu’un qui compte. C’est au-dessus de mes forces. Alors je le repousse.

— La partie est terminée. Rentre chez toi et oublie-moi ! Cet idiot ne bouge toujours pas. Lui pourtant si intelligent ne comprend rien. Quand je le fixe de nouveau, ce sont ses traits marqués par l’émotion que je rencontre.

— T’oublier ? Penses-tu sincèrement qu’il me suffira de le vouloir pour y parvenir ? Tu es là, tout le temps. D’un doigt il désigne son crâne.

— J’ai merdé, mais laisse-moi une chance de me racheter, Hannah. J’ai du mal à déglutir.

— Non, parviens-je à articuler. C’est bien trop facile de pardonner. Face à mon mutisme, il s’approche un peu plus. Ses prunelles brillantes sont rivées aux miennes. Un lien indéniable s’est créé entre nous, que je le veuille ou non. Sa carrure me réconforte et m’oppresse en même temps.

— Tu retrouves un peu de la personne que tu étais avant tout ça… Avec moi tu réapprends à être toi… Et tu as peur. Mais je serai là pour…

— Tais-toi ! Je recule. Il a raison. La peur me tenaille. Il faut que je m’éloigne, que je reste dans l’ombre. De toute façon, je l’ai raté ce putain de bonheur, je suis arrivée bien trop en retard. Pourtant, mes pieds sont cloués au sol. Mes membres se tétanisent. Alors, derrière mes paupières closes, je murmure la phrase que mon père m’a enseignée…..